Le rôle des champignons dans les écosystèmes


Bonsoir,

Grâce à la pluie de ces derniers jours, les champignons ont fait leur retour en forêt comme en prairie. dans ma région, ce sont d’abord les Agarics champêtres ( Agaricus campestris )qui sont réapparus en premier et en nombre.
Les champignons trop souvent méconnus jouent cependant un rôle fondamental dans les écosystèmes.
Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à lire ci-après un article de Félicien Corbat publié sur le site http://www.champis.net

Champignons dans les écosystèmes
par FélicienCorbat

D’après la conférence de Régis COURTECUISSE, (Professeur – Département Botanique. Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de Lille, Vice-président de la Société Mycologique de France): Rôle des champignons dans les écosystèmes.
Sans les champignons, pas de vie possible telle que nous la connaissons. Ils sont hétérotrophes (incapacité de se nourrir par leurs propres moyens) contrairement aux plantes qui sont autotrophes (qui se nourrissent par leurs propres moyens). Leur manière de se procurer la nourriture permet de les classer en trois groupes:

Parasitisme
– Les champignons parasites: ils s’attaquent à des êtres vivants entraînant des désagréments, leur dépérissement ou leur mort (ex. Polyporus sulfureus (Polypore soufré), Armillaria mellea (Armillaire couleur de miel)).
Intérêt biologique : participe à la régulation des populations.
Exemples :
– Sur animal : Beauveria sp. Champignon parasite du moustique utilisé dans la lutte contre le paludisme.
– Sur champignon : Nyctalis asterophora sur russules et lactaires. Xerocomus parasiticus sur sclérodermes.
– Sur arbre : rouilles et charbons, Armillaria mellea, Collybia fusca…

Saprotrophie
– Les champignons saprophytes ou saprotrophes: ils jouent un rôle essentiel dans l’écologie des sols forestiers. Ce sont des décomposeurs, leur rôle est de recycler les matières mortes: feuilles, bois, cadavres, etc. Ils permettent ainsi d’éviter un étouffement de l’écosystème par accumulation de déchets végétaux, en renouvelant l’humus (ex. Oudemansiella mucida (Mucidule visqueuse), Agaricus bisporus (Champignon de Paris)). Si beaucoup d’espèces sont capables de dégrader la cellulose du bois (bactéries, champignons, invertébrés du sol, etc.) seul un groupe de champignons supérieurs, en particulier les aphyllophorales (ex. Bjerkandera adusta (Polypore brûlé), Piptoporus betulinus (Polypore du bouleau)) est capable de dégrader la lignine, une macromolécule très complexe.
Champignons lignicoles:
– Pourriture brune (cubique) : dégrade la cellulose et l’hémicellulose (10% feuillus – 80% conifères). Effet sur l’environnement : humus riche en lignine favorable à l’entretien d’une forêt de conifères.
– Pourriture blanche (fibreuse) : majorité des décomposeurs de bois, surtout feuillus.
Champignons humicole: décomposeurs d’humus.
Champignons foliicoles: décomposeurs de feuilles.
Champignons pyrophile: décomposeur de bois brûlé.
Champignons coprophile: décomposeur d’excréments.

Symbiose
– Les champignons mycorhiziens ou symbiotiques: ils vivent en association avec un végétal (ex. un arbre). Le champignon se nourrit de glucose (=sucre) fabriqué par la plante et, en échange, il va favoriser la croissance de l’arbre en lui offrant de l’eau, des sels minéraux ainsi qu’une protection contre les parasites (ex. Cantharellus cibarius (Chanterelle), Boletus edulis (Cèpe de Bordeaux)).
– Champignon et algue: lichen.
– Champignon et plante: mycorhizes.
– Pour le champignon: prélèvement nutrition organique.
– Pour la plante : augmentation des apports en ions potassium et azote, protection de l’hôte (antibiotique, prédation*), sécrétion d’hormone de croissance, vitamines.
Régis Courtecuisse a évoqué le cas de certaines espèces qui protègent l’arbre hôte contre des vers lignivores. Des filaments en forme de véritable lasso piègent les vers !
90% des plantes sont en symbiose avec des champignons. On trouve des applications dans le cadre des exploitations forestières, pépinières…
On observe deux types de symbiose:
– Symbiose ectomycorhizienne : le mycélium reste en contact externe avec les racines. Concerne la majorité des champignons dits supérieurs, Ascomycètes et Basidiomycètes.
– Symbiose endomycorhizienne : Le mycélium pénètre dans les cellules racinaires. Concerne des champignons microscopiques. On la rencontre surtout chez les plantes herbacées et sur quelques espèces ligneuses.
Deux remarques :
Une espèce peut passer d’un type à l’autre. Ex. Piptoporus betulinus (polypore du bouleau) est d’abord un parasite, puis devient décomposeur. Les trois catégories interagissent. Autres rôles des champignons :
Formation primaire des sols. Nourriture pour animaux. Augmentent les capacités germinatives de certaines graines. Ils font partie intégrante de la biodiversité. Exemple anecdotique : les fourmis champignonnières coupent des feuilles, cultivent les champignons décomposeurs de feuilles. Les larves se nourrissent du mycélium.
Problèmes
– Certains champignons régressent, voire disparaissent (voir la liste rouge des champignons en Suisse).
– Le règne fongique est encore peu connu et pas assez pris en compte.

Les menaces
– Pollution atmosphérique et effet de serre.
– Destruction des forêts. En particulier, les forêts tropicales et forêts primaires dont on n’est loin de connaître la biodiversité.
– Fragmentation des habitats (parcellisation des espaces forestiers).
– Agriculture moderne.
– Récoltes excessives.
– Mauvaise gestion des milieux naturels.

Constat:
– Les champignons ne sont pas assez pris en compte dans les études environnementales, écologiques.
Pourquoi ?
– Pousse « capricieuse ».
– Difficultés taxonomiques.
– Inventaire très long à élaborer.
– Les connaît-on suffisamment ? NON !
On ne connaît pas le nombre d’espèces de champignons. En nombre d’espèces, on estime que le règne fongique serait au 2ième rang après celui des insectes… Si on estime le rapport de diversité entre le règne végétal et le règne fongique, il serait de l’ordre de 4 à 9. (i.e. il y aurait de 4 à 9 fois plus d’espèces de champignons que de végétaux !) Estimation du nombre d’espèces de champignons. Dans le monde : estimé à 1,5 million. Environ 100 000 sont connues. En France : estimé à 30 000. Environ 15 000 espèces connues. L’inventaire est en cours.
________________________________________
©https://www.champis.net 2004-2017 – felicien@champis.net

A propos Marcel JEROME

Guide Nature Photographe amateur
Cet article a été publié dans Non classé. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s